(Article) L'essor de la vigne dans le canton de Beaujeu au XIXème siècle

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(Article) L'essor de la vigne dans le canton de Beaujeu au XIXème siècle
Au début du XXème siècle, la vigne occupe une place de choix dans le foncier Beaujolais. Cette situation nouvelle n'est pas anodine et univoque.

Depuis l’époque romaine, la vigne est cultivée dans le canton de Beaujeu. Au cours du XIXème siècle, elle a connut de nombreuses évolutions sous l’effet des maladies qui l’attaquaient, des modifications dans la façon de la cultiver et de son propre essor.

Place de la vigne dans le paysage beaujolais au XIXème siècle

Au début du XIXème siècle, la vigne n’occupe pas encore une place prépondérante dans le canton de Beaujeu. Sur l’ensemble des 18 communes du canton, elle occupe un peu plus de 4 000 hectares, loin derrière les terres labourables et les terrains non cultivés qui occupent en tout plus de 11 500 hectares. Bien qu’elle soit massivement implantée dans le Beaujolais, la vigne demeure une culture importante dans les communes très proches de la vallée de la Saône. Dans les communes plus « montagneuses », elle occupe à peine 450 hectares des terres cadastrées, là où elle est encore dominée par les prés et les bois, par exemple.

L’augmentation des surfaces

Dans le canton de Beaujeu, au début du XIXème siècle, la place des terres incultes et des landes, qu’on appelle ici « vassibles », est importante. Ces étendues de terres, résultats d’intensifs déboisements doivent permettre de constituer des réserves de terres où l’on plante, tous les quinze ans environ, du seigle et où l’on fait paître les troupeaux.

Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, la viticulture est en plein essor mais bientôt un puceron microscopique, nommé phylloxéra, va ravager et détruire les vignobles d’Europe. Après avoir difficilement reconstitué leurs vignobles, les cultivateurs du canton de Beaujeu s’engagent dans une spécialisation de l’agriculture locale. Après des siècles de polyculture, les paysans du Beaujolais s’orientent vers la monoculture de la vigne. La culture de la vigne devient spéculation agricole et les surfaces plantées en vigne dépassent les 6 000 hectares dans l’ensemble du canton de Beaujeu en 1914, soit 2 000 hectares de plus que dans les années 1820.

Si l’évolution est observable dans toutes les communes du canton, elle est plus manifeste dans les communes déjà fortement orientées vers la viticulture. Devenant le type foncier agricole le plus répandu dans le canton, la vigne gagne également du terrain dans les communes plus « montagneuses ». Partout, le souci de mettre en valeur les terrains non cultivés conduit à réduire les surfaces en terres labourables et « vassibles ».

De la vigne partout

Avant la crise phylloxérique, certaines communes que nous appellerons « semi-montagneuses », telles que Beaujeu, Marchampt et Vauxrenard, ne possédaient que peu de surfaces plantées en vignes. Les premiers cadastres des années 1820 nous indiquent que sur ces 3 communes, il existait près de 420 hectares de vignes. Une centaine d’années plus tard, ce sont près de 915 hectares qui recouvrent ces territoires.

Dans les communes plus en altitude, la vigne se développe également, dans des proportions beaucoup plus limitées. Dans les 3 communes des Ardillats, Saint-Didier-sur-Beaujeu et Vernay, là où on recensait un peu plus de 11 hectares de vignes au début du XIXème siècle, on en dénombre près de 70 hectares en 1914.

Ces augmentations des surfaces en vignes se font, à l’image de ce qu’il se passe dans les communes viticoles, au détriment des terres labourables que l’on souhaite désormais mettre en valeur. Si l’on constate une forte spécialisation viticole dans l’ensemble des communes du canton de Beaujeu au début du XXème siècle, il est difficile d’affirmer que c’est la crise phylloxérique qui a engendré cette mutation. Néanmoins, d’autres évolutions du foncier beaujolais à la même époque nous laissent penser que la seconde moitié du XIXème siècle demeure une période où les cultivateurs locaux commencent à délaisser la polyculture familiale pour une spéculation agricole en adéquation avec leurs situations géographiques.

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